Nuit Blanche 2018 au Pont Alexandre III à Paris

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 08.10.2018
 paris

La dernière édition était riche d'événements, parmi lesquels un marathon artistico-philanthropique initié par le jeune collectif Thanks for Nothing

Le Pont des échanges - collecte charitable, accompagnée de 7 heures d'interventions artistiques - s'est déployé sur le Pont Alexandre III lors de la Nuit Blanche. Organisé par Blanche de Lestrange, Anais de Senneville, Marine van Schoonbeek, Charlotte von Stotzingen et Bethsabée Attali, réunies en collectif Thanks for Nothing, le Pont est inondé par les visiteurs: le temps clément et le placement au milieu d'autres événements de la Nuit y contribuent à égalité avec les performances en live d'une dizaine d'artistes et danseurs, une scénographie constructiviste visible de loin et le bar éphémère, animé par l'équipe du Perchoir, l'une des meilleures buvettes de Paris. Le cocktail pour lui est créé par l'artiste Ryan Gander, chevalier de l'Ordre de l'Empire britannique, spécialement à cette occasion.

Le choix pour les objets culturels, en tant que matériau de la collecte, lui redonne de la chaleur humaine en rappelant des scènes d'Andersen ou Lewis Carroll. Des livres, instruments de musique et jouets sont récupérés dans des grandes cubes jaunes par des associations caritatives, y compris la Fondation Abbé Pierre et Culture Sans Frontières. L'artiste Laure Provoust, sélectionnée pour le pavillon français à la biennale de Venise de 2019, se perd dans la foule afin de distribuer, anonyme, ses lettres magiques. L'artiste chypriote Christodoulos Panayiotou, ayant représenté son pays à Venise en 2015, exécute sur le trottoir une danse de la nymphe mélancolique à l'esprit d'Ida Rubinstein et Pina Bausch. Les chansons de Charles Aznavour sonnant comme autant d'hommages au chanteur, offrent un air nostalgique à cette performance. Comme un adieu au vieux monde.

Le Pont des échanges est le second grand projet du collectif, le premier étant une vente aux enchères des œuvres d'art au profit des réfugiés. We Dream Under the Same Sky - tel fut le titre de la vente, précédée par une exposition au Palais de Tokyo - a levé en 2017 plus de deux millions d'euros. Parmi ses artistes figurent Cindy Sherman, Rirkrit Tiravanija et Wolfgang Tillmans. La qualité des projets est due à ses jeunes organisatrices, ayant toutes de remarquables carrières dans des institutions culturelles, elles sont capables de sensibiliser tout à partir du créateur de mode Azzedine Alaïa jusqu'à l'artiste le plus cher parmi les vivants Gerhard Richter. Les membres de Thanks for Nothing ne sont certes pas les premières à s'inscrire dans cette longue tradition philanthropique mais dans le cas de ces cinq femmes, leur modestie et discrétion, leur refus tacite et pourtant encore plus éloquent d'héroïser et politiser leur travail, trouvent peu d'équivalent aujourd'hui.

 

Nikita Dimitriev - Le Figaro.fr