Comment les Birdy Kids ont amené le street art au stade

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 12.10.2018
 art

FOOTBALL ET CULTURE : L’OL présente dans son stade l'ambitieux projet Offside Gallery, une exposition de street art impulsée par le collectif lyonnais Birdy Kids...   

  • Symbole de son vaste projet OL City, le club lyonnais inaugure samedi une exposition d’une vingtaine d’œuvres de street art réalisées dans la partie sud-ouest de son stade.
  • Cette expo Offside Gallery est le fruit d’une étonnante collaboration avec le collectif lyonnais Birdy Kids.
  • Cet ambitieux « décalage entre deux mondes » a perturbé cet été le groupe de supporters des Lyon 1950, désormais « associé à la réflexion des artistes ».             

« Il est compliqué de définir précisément une ambition aujourd’hui parce que le bâtiment est immense. On prend les choses les unes après les autres. » A entendre Guillaume Mathieu de Birdy Kids, les univers de la culture et du football se rapprochent au niveau des tics de langage. Après le succès l’an passé de l’expo Watching You au musée d’arts religieux de Fourvière, le collectif lyonnais cherchait « un lieu d’exposition permanent de street art à Lyon ».

Une quinzaine d'artistes, comme ici Monsta, ont jusque-là participé au projet Offside Gallery dans le stade lyonnais.

image:https://img.20mn.fr

Dans le même temps, au Parc OL, « nos supporters nous demandaient souvent quand la couleur allait apparaître au stade pour un peu moins voir tous ces murs gris », indique Xavier Pierrot, le stadium manager du club. « En pleine extase » en découvrant notamment un immense mur vierge dans cette partie sud-ouest du stade, Guillaume et Gautier Mathieu n’ont pas laissé passer l’opportunité d’ouvrir l’art urbain au grand public tout en laissant une marque indélébile aux générations futures.

« On a un peu insisté sur une couleur qu’on ne voulait pas trop voir »

Une quinzaine d’artistes ont donc participé ces derniers mois à l’exposition Offside Gallery, qui sera présentée à Décines samedi (de 15 à 19 heures) durant un vernissage gratuit. « Au départ, cette réalisation semblait être un gadget, explique Jean-Michel Aulas. Mais le street art amène une liberté d’expression qui est extrêmement cohérente avec le football populaire. C’est une ouverture sur un monde nouveau, le monde libre. » Qui dit monde libre dit donc liberté d’expression totale pour Birdy Kids et les artistes ?

« Bon, on a un peu insisté sur une couleur qu’on ne voulait pas trop voir, sourit Xavier Pierrot. Sur le reste, on les a vraiment laissés faire. » « On a un champ d’action extrêmement large », confirme Guillaume Mathieu, qui compte bien mobiliser d’ici la fin d’année une quarantaine d’artistes sur Offside Gallery. Avant que la galerie, financée à 50 % par l’OL et à 50 % par Birdy Kids (environ 40.000 euros déboursés jusque-là) ne s’étende à terme sur toute l’enceinte de Décines, destinée à devenir OL City (avec musée, hôtels, centre de loisirs, centre médical, bureaux…).

« Quel intérêt d’avoir des papillons dans notre tribune ? »

« Ce projet est totalement novateur en Europe, contrairement aux Etats-Unis où de nombreux stades proposent ce type d’expositions, précise Xavier Pierrot. L’idée avait beau être totalement décalée du football, elle nous a tout de suite emballés. » Principal groupe de supporters (1.300 membres) du virage sud, où se situe une bonne partie de la vingtaine d’œuvres finalisées, les Lyon 1950 se sont montrés bien moins enthousiastes cet été.

« On a découvert dans notre virage des fresques n’ayant rien à voir avec le club et la ville, confie le groupe. On a fait savoir au club que nous ne comprenions pas l’intérêt d’avoir des papillons ou le portrait d’un inconnu [un anonyme sud-américain] dans notre tribune. Une collaboration s’est enclenchée entre le groupe et Birdy Kids, comme sur les deux fresques Lyon 1950 faites avec Art Up. »

Un portrait d’Eugénie Le Sommer comme dernière création

Désormais « associés à la réflexion des artistes » concernant les prochaines œuvres réalisées dans le virage, ces supporters espèrent qu’elles concerneront davantage l’OL. C’est notamment le cas d’oiseaux portant un maillot du club et surtout de la dernière création, un portrait de l’attaquante de l’OL et de l’équipe de France Eugénie Le Sommer.

Un portrait de l'attaquante de l'OL Eugénie Le Sommer a été réalisé cette semaine par Graffmatt.

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D’autres abonnés du Parc OL pointent « une pollution visuelle qui aurait plus sa place dans un musée d’art contemporain que dans un stade ». Au point d’envisager des détériorations de ces œuvres ?

« Il n’y a rien de pire qu’un musée qui ne fait pas parler »

« Non, parce que nos supporters sont respectueux, assure Xavier Pierrot. La crainte qu’ils ne comprennent pas existait mais on leur a expliqué qu’on avait une démarche constructive, avec une orientation football et lyonnaise donnée. » D’après nos informations, « quelques gribouillages » auraient malgré tout été commis depuis le début de la saison.

« On s’amuse du décalage entre deux mondes complètement différents, c’est notre défi, assume Guillaume Mathieu, amateur de football et de l’OL comme son frère. Il n’y a rien de pire qu’un musée qui ne fait pas parler. Aucun lieu d’exposition ne met tout le monde d’accord. Et si jamais ça arrive, je ferme boutique car ça voudrait dire qu’on est dans l’erreur… »

 

Jérémy Laugier ; 20minutes.fr